Tech Food #2

Cet article a été originalement publié sur mon ancien blog en 2018.

Bonjour,

Akwaba to this week’s Tech Food.

Ces deux dernières semaines, je réfléchis beaucoup au principe de communauté.

Je me rappelle encore de ma joie lorsqu’en 2007–2008 mes parents ont eu la gentillesse d’installer internet à la maison. C’était les débuts de MSN, Facebook et Twitter. Pour la première fois, le monde entier s’ouvrait à moi. Internet est une ressource infinie de connaissances, avec des milliards de pages sur chaque sujet imaginable. Mais je n’étais qu’une adolescente et loin de passer mes journées sur Wikipédia tout ce qui m’intéressait était de pouvoir me connecter avec mes amis. Grâce à internet, j’ai découvert sur twitter que la fille populaire de mon lycée partageait les mêmes préoccupations que moi, j’ai débattu sur des forums à propos d’Harry Potter et j’ai découvert de nouveaux romans grâce à des listes de recommandations.

Lorsqu’une décennie plus tard j’ai commencé à m’intéresser à l’univers des start-ups, quelle ne fut ma joie la première fois que je suis tombé sur Product Hunt ! Tous les jours, je m’y rendais afin de découvrir de nouveaux produits et je pouvais directement discuter avec les développeurs afin de mieux comprendre leurs processus de créations. Et en dehors de Product hunt, je sais que je peux me tourner vers redditquora, ou la communauté de github si j’ai des questions de programmation, sur les startups ou si je veux juste gossiper sur Amazon.

Mais lorsque je veux parler de startups africaines, de l’actualité Tech, et des conditions spécifiques qui font que bons nombres de conseils que l’on retrouve sur le Web ne peuvent s’appliquer à une start-up opérant sur notre continent où est-ce que je peux aller ? Il existe une fracture impressionnante entre l’Afrique de l’Ouest, de l’Est et du Sud. Il y a un manque de communication entre les membres de l’écosystème africain. J’aimerais savoir où je peux aller si je veux échanger avec une start-up en agritech opérant au Kenya. Comment savoir qui fait quoi, qui travaille sur quoi, qui est où, quoi où est ?

Chaque projet commence par une inspiration, en partageant nos idées et en travaillant ensemble afin de résoudre des challenges que nous partageons, nous encourageons les autres à se joindre à nous, et à innover de leurs côtés afin de résoudre des problèmes plus grands que notre simple existence.

Donc parfois je m’assois et je réfléchis. Comment pouvons-nous remédier à ce problème de communication ?

Est-ce qu’une solution pourrait être de créer une place en ligne pour nous permettre d’échanger des idées, afin de satisfaire la curiosité intellectuelle — ou plus en particulier, la curiosité intellectuelle des entrepreneurs Tech africains qui sont intéressés par tout ? Cette place pourrait inclure tout ce qui est en lien avec l’informatique et les startups, mais aussi bien d’autres choses: la science, l’art, la littérature, l’histoire. Mais n’est-ce pas une hérésie de vouloir créer un “ghetto africain” sur internet en 2018 alors que rien ne nous empêche d’ouvrir des forums sur des plateformes déjà existantes ? Je ne sais pas quelle est la réponse. Je réfléchis. Si vous avez des idées, n’hésitez pas à m’écrire en privé afin qu’on en discute.

En attendant, je tenais à applaudir le groupe VC4A (Venture Capital 4 Africa) pour leur start-up academy. La start-up academy est un ensemble de cours en ligne destinés aux start-ups africaines. Les cours ont été faits à partir des conseils de 35 experts actifs dans l’écosystème émergeant des start-ups africaines. Ils offrent présentement trois modules : démarrez votre entreprise, développez votre entreprise et financer votre entreprise. Et cerise sur le gâteau, les cours sont traduits en français, anglais, arabe et somalien.


Ce que je lis/regarde :

The Everything Store: Jeff Bezos and the Age of Amazon(1) — Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, a accordé cette semaine une interview d’une heure à “The Economic Club Of Washington” sur la chaîne CNBC et qui, heureusement pour nous, était retransmis en direct sur YouTube. J’avais lu “The everything store” au début de cette année, et l’avait trouvé très intéressant. Si vous souhaitez mieux comprendre comment Amazon a réussi à devenir l’une des rares compagnies ayant une capitalisation boursière de 1 billion de dollars ou simplement mieux comprendre la philosophie entrepreneuriale de Jeff Bezos, je vous le conseille fortement.

Mais en attendant de vous plongez dans ce livre, vous pouvez commencer par regarder l’interview sortie cette semaine qui reprend certains points abordés dans le livre, comme entre autres, la raison pour laquelle Amazon a commencé par vendre des livres et pourquoi ils se décrivent comme une compagnie “customers-centric”. Mais en plus de cela, au cours de cette interview Jeff Bezos partage avec nous sa vision du future, de la colonisation de Mars, et ses projets philanthropiques.

Interview à regarder ici.


Découverte de la semaine :

Est-ce qu’il vous est déjà arrivé de trouver ça pénible de naviguer dans l’historique de vos opérations Orange Money ? Si oui, alors je vous invite à jeter un coup d’oeil à l’application Kobiri.

Il y a un an Souleymane Sidibe, un jeune sénégalais, était exaspéré par le système USSD proposé par Orange qui ne lui permettait pas de pouvoir retracer plus de 5 opérations (voir photo ci-dessous). Après avoir exprimé sa frustration sur Twitter il s’est rendu compte qu’il n’était pas le seul dans ce cas. Pour le fun, je cite, il a décidé de travailler à résoudre ce problème. Après plusieurs tests, il a dévoilé il y a quelques jours l’application Kobiri qui va plus loin qu’une application Orange Money (voir la deuxième photo ci-dessous).

Solution proposée par Orange Money
Solution proposée par Kolibri

L’application est présentement disponible sur l’app store uniquement pour Android, mais on espère que la version iOS ne saurait tarder. Il recherche visiblement à entrer en contact avec Orange Sénégal. Si vous avez des connexions, n’hésitez pas à le contacter.


Réflexion pour ce week-end :

Cette semaine le blog du disrupteur, un site dédié à la communication, au marketing, à l’entrepreneuriat et aux start-ups africaines à publier uneétude de cas sur la start-up Kusoma Group.

Lorsque j’ai tout d’abord vu l’article, j’ai été ravie de voir que des personnes se mobilisent afin d’effectuer des analyses profondes sur des start-ups africaines. L’article est argumenté, et les thèmes techniques utilisés sont explicités. En toute honnêteté, l’article est instructif. Il soulève des points pertinents même si certaines conclusions sont, à mon avis, tirées assez hâtivement. Par contre, au cours de ma lecture j’ai trouvé le style de l’auteur pour le moins particulier. Plutôt que d’être présenté comme une simple étude de cas, le titre de l’article est “Pourquoi Kusoma Group est en train d’échouer”, et le ton de l’article continue de descendre dans ce sens.

L’écosystème des start-ups africaines est encore très jeune, en plein développement et très petit. Plus qu’autre chose, nous nous devons d’être honnêtes et supportifs les uns envers les autres. Si les faits importent, le choix des mots n’est pas à négliger.

Pour illustrer ma réflexion de ce week-end, je souhaite clôre cet article par un extrait de “The Everything Store” dans lequel Jeff Bezos partage avec nous une précieuse leçon que son grand-père lui a enseignée.

Bezos’s grandparents taught him a lesson in compassion … On a road trip, when Bezos was ten and passing time in the back seat of the car, he took some mortality statistics he had heard on an antismoking public service announcement and calculated that his grandmother’s smoking habit would take nine years off her life. When he poked his head into the front seat to matter-of-factly inform her of this, she burst into tears, and Pop Gise pulled over and stopped the car.

Bezos décrit ensuite ce qui s’est passé dans son discours à Princeton:

He got out of the car and came around and opened my door and waited for me to follow. Was I in trouble? My grandfather was a highly intelligent, quiet man. He had never said a harsh world to me, and maybe this was to be the first time? Or maybe he would ask that I get back in the car and apologize to my grandmother. I had no experience in this realm with my grandparents and no way to gauge what the consequences might be. We stopped beside the trailer. My grandfather looked at me, and after a bit of silence, he gently and calmly said, “Jeff, one day you’ll understand that it’s harder to be kind than clever.

Bonne semaine à tous et à toutes,

Kiyani


(1) En cliquant sur le lien, vous pouvez obtenir le pdf du livre, gratuitement. Mais je vous conseille tout de même d’acheter le livre si vous trouvez les premiers chapitres intéressants. Sinon, ça devient de la piraterie.

Crédit : Merci à Cassa et Mykaïl pour m’avoir relu.

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